Les causes de leur exil forcé sont complexes et différentes selon les pays : décolonisation, flambée des nationalismes arabes, persécutions…. De cette vie juive en terres d’Islam, autrefois florissante, il ne reste que quelques vestiges (synagogues lorsqu’elles n’ont pas été détruites ou transformées en mosquées et cimetières) et quelques âmes.
La plupart des juifs originaires de ces pays de culture arabe et musulmane, ont gardé le sentiment d’avoir été arrachés à leur pays natal. Ils ont d’autant plus souffert du déracinement que leur arrivée en Israël n’a pas été le rêve qu’ils avaient imaginé. Ils ont été accueillis dans des conditions très précaires, par ce jeune pays, encore peu développé, confronté à l’une des plus grandes migrations de l’Histoire. Les traditions, la langue, les souvenirs sensoriels, la cuisine, sont ancrés de génération en génération et renvoient chaque juif à la mémoire de « son Orient » perdu.
Juifs Séfarades, juifs Orientaux : Qui sont-ils ?
LES SÉFARADES sont les juifs du Maghreb et du Moyen Orient, descendants des juifs expulsés d'Espagne et du Portugal à la fin du XV è siècle. LES ORIENTAUX (Mizrahim) sont les juifs du monde arabe ou de pays musulmans, dont les communautés les plus anciennes et importantes se trouvaient en Irak (Babylonie), en Iran (Perse) et au Yémen. On y inclue aussi les juifs de Syrie, des Balkans, des pays Berbères, de Géorgie, du Kurdistan, d’Inde. Ils sont souvent associés au groupe des séfarades, car ils sont proches en termes de coutumes religieuses, mais leurs descendants ne sont pas originaires de la péninsule ibérique.
Les origines de la communauté juive du Maroc remontent à 2 000 ans, avec la destruction du Second Temple et l’exil qui a suivi. À partir de 1492, l'arrivée massive de Juifs d'Espagne (sépharades) a permis un accroissement important du commerce sur les côtes méditerranéennes et atlantiques. Ces juifs d’Espagne ont imposé un dialecte judéo-arabe marocain et ont fortement influencé les lois et les pratiques des juifs marocains. À la faveur du Protectorat de la France (1912-1956), le judaïsme marocain a été fortement imprégné par la culture française (une influence amorcée dès 1860, avec l’établissement d’écoles françaises par l’Alliance Israélite Universelle).
Au Maroc, les juifs se sentaient libres de vivre en tant que juifs, ils ont toujours été protégés par la monarchie. Fait unique, en 1940, le Sultan Sidi Mohammed (qui deviendra Mohammed V, Roi du Maroc, à la suite de l’indépendance en 1956) a résisté aux pressions nazies et les a sauvés de la déportation.
Le pays comptait une communauté juive d’environ 265 000 membres en 1948, la plus importante du monde arabe et musulman. À l’inverse des autres pays arabes, le Maroc est une exception, n’ayant jamais chassé les juifs.
A certains égards, l’immigration des juifs du Maroc en Israël peut être considérée comme un paradoxe.
Les raisons pour lesquelles les juifs du Maroc quittèrent leur pays natal sont diverses. Ils étaient inquiets pour leur avenir dans un pays sorti du colonialisme et avaient des incertitudes quant à leur intégration, en tant que minorité dans un pays de tradition musulmane, d’autant qu’une politique d’arabisation était en marche et que le conflit israélo-arabe avait engendré une dégradation des relations inter communautaires. Et pour beaucoup d'entre eux, la renaissance de l’État d’Israël était considérée comme un événement messianique, marquant la fin de l’exil.
La monarchie n’était pas favorable au départ des Juifs, qui risquait de porter préjudice à la société marocaine et de nuire à son économie, les juifs étant puissants dans de nombreux domaines stratégiques. Par ailleurs, le roi craignait que cet exode aille renforcer l’armée israélienne en état de guerre avec les pays arabes frères.
D’un côté, les organisations sionistes ont fait pression pour rapatrier rapidement les juifs du Maroc en Israël, de l’autre, les autorités du pays ont tout fait pour interdire cette émigration vers Israël. La combinaison de ces facteurs n’a fait qu’accélérer le processus de départs massifs. Résultat, plusieurs grandes vagues d’immigration ont abouti à l’exode de 240 000 juifs marocains vers Israël de 1948 à 1967 : d’abord, de 1948 jusqu’à l’indépendance en 1956, avec le concours de Qadima, l’organisation sioniste au Maroc, puis de 1957 à 1961, sous forme clandestine par le Misgeret (réseau du Mossad implanté au Maroc) et pour finir, l’émigration s’effectua de concert avec les autorités marocaines.
Incontestablement, l'ampleur de cette immigration eut des conséquences malheureuses. Israël qui était un pays jeune et peu développé à l'époque, n’avait pas la capacité suffisante d'absorber autant de nouveaux immigrants et de les intégrer harmonieusement. La majorité des exilés, installés à leur arrivée dans des camps de transit, aux conditions de vie très précaires, dans des villes périphériques du Sud, furent totalement désenchantés par cette « terre promise », qu’ils avaient tant désirée, se sentant relégués au statut de citoyens de seconde zone. Leur désillusion se manifesta violemment à travers des mouvements de contestation sociale, comme celui des « Black Panthers » dans les années 70.
L’intégration de la communauté juive marocaine en Israël est désormais attestée et celle-ci est très influente dans la société israélienne et au-delà des frontières. C’est la deuxième communauté juive d’Israël (la première étant la communauté russe) avec un million d’individus. Ils sont devenus une force avec laquelle il faut compter, notamment dans la sphère politique et religieuse. Ils ont joué ou jouent un rôle majeur, en particulier auprès du royaume chérifien.
Les juifs marocains, fiers de leurs racines et de leur identité, poursuivent la transmission de leurs coutumes et traditions. Ce sont de véritables ambassadeurs de la culture marocaine dans l’espace public. La Mimouna, fête juive marocaine qui marque la fin la Pâque juive a même été reconnue en Israël comme fête nationale.
« Les pieds en Israël, le cœur au Maroc », des milliers d’entre eux n’hésitent pas à retourner régulièrement dans leur pays d’origine. La plupart ont conservé la nationalité marocaine en vertu de la loi marocaine de 1976.
Ils ne sont plus qu’environ 3 000 Juifs au Maroc, représentant la communauté juive la plus importante dans un pays arabe.
Tout comme son père Hassan II, le roi Mohamed VI poursuit une politique de protection des juifs, malgré la nécessité de composer avec les oppositions nationalistes et islamistes. Le Maroc est un des rares pays arabes à respecter le riche patrimoine religieux des juifs marocains et ainsi à préserver la mémoire juive. C’est le seul pays arabe où existe un musée juif (Musée du Judaïsme marocain à Casablanca). Les Accords d’Abraham signés en 2020 contribuent à renforcer durablement les liens entre les deux pays.
La communauté juive de la Diaspora était l’une des plus anciennes par sa présence attestée depuis plus de 2000 ans, bien avant les Romains, les Chrétiens, les Byzantins, les Arabes, les Turcs, les Italiens puis les Français.
À partir du XV è siècle, de nombreux Juifs chassés de la péninsule Ibérique, puis réinstallés en Italie, principalement à Livourne, ont immigré en Tunisie. Ces "Granas", plus européanisés et éduqués que les "Touansas", leurs coreligionnaires autochtones, ont longtemps formé une communauté distincte et élitiste.
À la création de l’État d’Israël en 1948, il y avait 110 000 juifs en Tunisie. Comme dans la plupart des pays arabes et musulmans, ces longs siècles de présence juive ont été balayés en l'espace de deux décennies.
À partir de 1881, l’établissement du Protectorat français a ouvert une ère nouvelle pour la communauté juive par la suppression des dernières discriminations liées à leur statut de dhimmi, l'adoption de la culture française (écoles de l'Alliance Israélite Universelle) et un mode de vie à l’occidentale.
Parmi les trois pays d’Afrique du Nord, sous domination française, la Tunisie est celui qui a connu le développement le plus important et l’organisation la plus structurée du mouvement sioniste. Dès le début du XX è siècle, des associations sionistes ont été constituées dans les principales communautés juives (Tunis, Sousse, Djerba, Bizerte, Kairouan). Ces associations collectaient des fonds pour le Yishouv de Palestine, organisaient des conférences et encourageaient la connaissance de l’hébreu. Elles étaient soutenues par des rabbins, pour qui elles avaient une vocation messianique. L’essor de la presse juive, en judéo-arabe et en français a également contribué à propager l’idéologie sioniste pour préparer les juifs à l’Alya.
Finalement, avant la création de l’État d’Israël en 1948, très peu de juifs tunisiens ont émigré en Palestine, en raison de la pénurie de visas, ceux-ci étant octroyés en priorité aux juifs d’Europe, des restrictions à l’immigration légale imposées par les britanniques et pour la majorité d’entre eux, du fait de leur très fort attachement à la France.
La Seconde Guerre Mondiale a marqué un tournant pour les juifs. Leur situation qui avait prospéré à la faveur de l’économie coloniale, s'est terriblement dégradée avec les lois anti-juives de Vichy (qui s’appliquaient aux pays sous protectorat) et par l’occupation des forces de l’Axe (Allemagne Nazie / Italie Fasciste) en 1942-43.
Dès 1945, des membres des mouvements de jeunesse sionistes immigrent illégalement en Palestine et se joignent aux côtés des combattants de la Haganah et de l’Irgoun (organisations de défense en Palestine).
À partir de 1948, l’Agence Juive très active en Afrique du Nord réussit à convaincre 20 000 juifs tunisiens à émigrer en Israël. Cette alya concerna essentiellement les familles les plus modestes de la communauté, à l'origine de nombreux kibboutzim exclusivement tunisiens. Les autres familles restèrent dans l’expectative et étaient plutôt attirées par la France (sa démocratie, sa langue, sa culture).
Lorsque Pierre Mendès France, Président du Conseil français, accorda l’autonomie à la Tunisie en 1954, les Juifs pensaient que la présence française allait durer encore longtemps. Elle fut de courte durée puisqu’en 1956, la Tunisie accéda à l’indépendance. Habib Bourguiba abolit la monarchie et proclama la République. La nouvelle Constitution précisait : « la Tunisie est une République dont l’Islam est la religion et l’arabe la langue ». En conséquence, les citoyens juifs se retrouvaient victimes de discriminations larvées, n’étant pas musulmans et ne pratiquant pas l’arabe classique, langue officielle du pays.
Néanmoins, Bourguiba, fervent partisan de l’Occident et des États-Unis en particulier et non du nationalisme arabe (encensé par Nasser en Égypte), ne manifestait aucune hostilité à l’égard des juifs et d’Israël. Il y avait une sorte de modus vivendi et une coexistence plutôt pacifique entre juifs et musulmans.
Malgré tout, la situation n’était pas rassurante, au regard des tensions croissantes dans les pays musulmans voisins.
La sanglante bataille de Bizerte en 1961, qui opposa la France et la Tunisie (voulant récupérer cette base navale toujours française, malgré l’indépendance), suscita dans la foulée des mouvements anti-juifs, provoquant de nouveaux départs vers la France et Israël.
Tout a définitivement basculé avec la Guerre des Six Jours de 1967 qui a déclenché un déchainement de haine des musulmans à l’encontre des juifs (émeutes, synagogues pillées et incendiées…), en soutien à la cause arabe. L’affaiblissement politique de Bourguiba ne garantissait plus leur protection. Dans ce contexte, les juifs tunisiens comprirent qu’ils n’avaient plus aucun avenir dans leur pays natal et précipitèrent leur exode entre La France et Israël (dans des proportions équivalentes). Ceux qui choisirent Israël plutôt que la France étaient attirés par le discours sioniste et/ou religieux.
Depuis 1967, ce sont aussi des milliers de juifs tunisiens qui ont quitté la France pour Israël.
Comme pour la plupart des juifs orientaux, leur intégration sociale fut difficile dans les premières années, étant ostracisés et dévalorisés par la population ashkénaze. Mais, ces « tunisraéliens », regroupés en grand nombre dans la ville balnéaire de Netanya (aux airs pittoresques de la Goulette), ont fait preuve d’une forte capacité d’adaptation, tout en restant farouchement attachés à leur identité et aux traditions tunisiennes.
Les juifs ne sont plus aujourd’hui que 1500 en Tunisie, dont 1200 dans l’île de Djerba, où perdure une intense vie culturelle et religieuse qui culmine lors du pèlerinage annuel de la Ghriba. Ils restent les seuls garants de la mémoire juive tunisienne, dans un pays où l’histoire et le patrimoine juif ont quasiment disparu.
>> À lire : La famille de Pantin de Michèle Fitoussi, Une nuit à Carthage de Annick Perez. Deux sagas familiales magnifiques qui épousent la grande Histoire des juifs de Tunisie. Coups de coeur !
>> À voir : Un été à La Goulette de Férid Boughedir
>> À suivre : sur Instagram, @staytunes, portraits, témoignages et histoires de Juifs "tunes".
L’histoire des juifs d’Algérie remonte à plus de 2000 ans. Les grandes vagues de leur installation datent de la fin du XV è siècle, suite aux persécutions et expulsions d’Espagne. Leur histoire est singulière, elle n’est comparable à aucune autre communauté de la diaspora. Leur immigration significative en Israël a été tardive.
Sous colonisation française à partir de 1830, les juifs d’Algérie ont obtenu la nationalité française avec
le décret Crémieux de 1870. Ils sont devenus égaux des français, ce qui explique leur très fort attachement aux valeurs de la France et à sa culture. Ils parlaient français (et aussi arabe pour la plupart) et ils étudiaient dans les écoles de la République. Ils se sont battus aux côtés de la France et ont même été actifs dans les mouvements de résistance.
Cette accession à la citoyenneté française les affranchissant de leur statut de « dhimmi » a été le détonateur d’une virulente hostilité de la part des musulmans et aussi des populations européennes de la colonie, profondément antisémites.
Les juifs d’Algérie ont dû affronter de violentes émeutes anti-juives culminant au moment de l’Affaire Dreyfus, puis dans les années 1930 avec le pogrom de Constantine (5 août 1934), au cours duquel des juifs furent victimes d’assassinats, mutilations et pillages par les musulmans. En 1940, l'abrogation du décret Crémieux par le régime de Vichy, dépouillant les juifs d'Algérie de tout statut officiel de français jusqu'en 1943, a été vécu comme une trahison. Malgré tout, leur patrie restait la France. C’est pourquoi, ils n’étaient pas vraiment sensibles au sionisme.
Très peu de juifs algériens ont émigré en Israël à la création de l’État en 1948. Le souvenir de l’Algérie et le lien avec la France n’ont jamais été effacés de la mémoire de ces juifs qui ont emprunté le chemin de l’Alyah.
La guerre d’Algérie (1954-1962) les a acculés au départ : au fur et à mesure que le conflit s’enlisait, les Juifs étaient de plus en plus pris pour cible, victimes d’extrêmes violences (en 1960, incendie de la Synagogue de la Casbah d’Alger, en 61, assassinat à Constantine de Raymond Leyris, symbole du dialogue entre communautés juives et arabo-berbères…).
En 1962, avec la fin de la colonisation française et l’indépendance de l’Algérie, la quasi-totalité des 140 000 juifs d’Algérie a été rapatriée en France (une première vague de départs avait commencé dès 1956). Face à un gouvernement français débordé par l’afflux brutal de réfugiés, ces « pieds-noirs » ont pu bénéficier d’une grande solidarité de la communauté juive de France, notamment grâce au soutien du Fonds Social Juif Unifié.
Le sionisme des juifs d’Algérie s’est réellement manifesté après la guerre des Six jours avec une alyah massive de France entre 1967 et 1973. Et depuis les années 1990, une nouvelle Alyah régulière s'est développée. Ces juifs originaires d’Algérie ont émigré en Israël, attirés par Israël en tant que « pays des juifs », terre de leurs ancêtres. Ils ont été plus motivés par des considérations religieuses et sionistes que par la montée de l’antisémitisme en France. Ils vivent leur Alyah comme un accomplissement de leur judaïsme, fermement attachés aux traditions, à l’identité et à l’éducation juive.
Ils se sont regroupés dans certaines villes comme Jérusalem, Ashdod (surnommée "la petite Algérie"), Netanya, Haïfa et ont constitué de véritables enclaves communautaires françaises. Ils y ont créé de nombreuses associations francophones. La majorité d’entre eux ont la double nationalité, française et israélienne. Ils sont même impliqués dans la vie politique française, en participant aux élections (surtout présidentielles). Ils reviennent régulièrement en France, où la plupart ont de la famille.
Il y a désormais 50 000 Juifs originaires d’Algérie en Israël, parmi les 500 000 francophones que compte Israël.
Il ne resterait que quelques juifs en Algérie (Kabylie, Alger). Leur passé a été totalement effacé du récit national et contrairement au Maroc et à la Tunisie, il n’y a plus aucune visibilité du patrimoine juif en Algérie.
Comme le raconte La Torah, les hébreux ont vécu il y a près de 3000 ans en Égypte, y ont été esclaves, pendant 400 ans, ont quitté le pays pour rejoindre la terre de Canaan et retourner vers la Terre promise sous la conduite de Moïse (au XIIIe siècle avant l'ère chrétienne). Ils revinrent à plusieurs reprises en Égypte, formant la base de la communauté juive égyptienne.
À partir de la moitié du XIXe siècle, des français, des anglais ainsi que des milliers de juifs originaires du bassin méditerranéen (Italie, Grèce), du Levant et d’Europe orientale, se sont installés en Égypte, attirés en partie par l’ouverture du Canal de Suez. L’Égypte est alors devenue une société très cosmopolite, dans laquelle les juifs ont joué un rôle crucial dans le développement économique, éducatif, intellectuel et culturel, principalement au Caire et à Alexandrie.
L’antisémitisme y a pris racine avec l’émergence dans les années 1930 de la confrérie des Frères Musulmans, qui considéraient seuls les Musulmans comme égyptiens de droit ainsi que de mouvements nazis pendant la Seconde Guerre Mondiale.
En 1948, la création de l’État d’Israël et l’échec du régime égyptien dans la guerre israélo-arabe ont aggravé l’hostilité aux juifs (3.000 “juifs suspects” furent placés dans des camps d’internement).
L’Égypte comptait alors environ 80 000 juifs. Entre 1948 et 1950, seulement 20 000 juifs, quittent l’Égypte, dont environ 17 000 vont s’installer en Israël. En fait, les Juifs d’Égypte étaient peu attirés par le sionisme militant, alors que leur pays était voisin d’Israël. L’Agence juive très active, organisa des voyages en bateau vers des ports européens (sous couvert d’agences de voyages), d’où elle redirigeait les réfugiés vers Israël.
1956 a marqué l’exode massif des juifs hors d’Égypte et le tournant d’une situation irréversible par une succession d’événements dramatiques pour la communauté juive : incendie du Caire du 26 janvier 1952 avec des centaines de sites juifs brûlés (cinémas, hôtels, magasins…), Coup d'État de juillet 1952 du Mouvement des « Officiers Libres », dirigé par Naguib et Gamal Abdel Nasser, provoquant la chute de la monarchie, le départ du Roi Farouk et l’indépendance du pays après 70 ans de tutelle britannique, prise du pouvoir par Nasser en juin 1956 (ardent défenseur du nationalisme arabe), intervention militaire de la France, l’Angleterre et Israël, suite à la nationalisation du Canal de Suez.
À l’issue du conflit de Suez de 1956 (jusqu’en juin 1957), 30 000 Juifs, déclarés par Nasser « sionistes et ennemis de l’État », ont été expulsés d'Égypte, manu militari, tous leurs biens confisqués, sans ressources (ils étaient autorisés à quitter le territoire égyptien avec 20 Livres égyptiennes, l’équivalent de 200 francs français), avec pour mention sur leur passeport "Départ sans retour" (pour la plupart "apatrides", soit sans nationalité). Un tiers d’entre eux se sont installés en Israël et pour un autre tiers, le choix de la France fut une évidence. Les juifs égyptiens étaient très attachés à la culture française, le français était la langue transcommunautaire de l’Égypte et la majorité d'entre eux la parlaient couramment (ainsi que l’arabe).
Les départs se sont poursuivis avec la guerre des Six Jours de 1967 et se sont achevés au moment de la guerre de Kippour en 1973.
Plus de trois millénaires de présence juive dans le pays des Pharaons se sont achevés brutalement et se résument aujourd’hui sans doute, à moins de 20 personnes très âgées et à un patrimoine extrêmement délabré. Néanmoins, quelques projets de sauvegarde et de rénovation de l’héritage juif (synagogues, cimetières, antiquités, objets religieux) ont été impulsés par le Président Al-Sissi.
Même si l’Égypte est le seul pays arabe (avec la Jordanie) à avoir signé un traité de paix avec Israël (1979), l’opinion publique est restée largement hostile à l’État juif..
Les juifs yéménites, installés dans la pointe sud de la péninsule arabique, formaient l’une des communautés juives les plus anciennement établies, avec une conception messianique fondée sur le retour en Terre d’Israël.
Ils ont commencé à émigrer à partir de la fin du XIX è siècle pour des raisons économiques (victimes de grandes famines) et religieuses.
En novembre 1947, le Plan de partage de la Palestine voté par l'Assemblée générale des Nations Unies déclenche dans la population arabe d'Aden au Yémen une forte protestation et des violences antisémites sans précédent : juifs abattus, entreprises pillées, maisons, écoles et synagogues brûlées. L’indépendance de l’État d’Israël promulguée en mai 1948 a accéléré l’exil de la population juive du Yémen vers Israël.
Ils sont arrivés en Israël pour la plupart très pauvres, ont vécu au départ dans des conditions extrêmement difficiles, mais ils étaient riches d’une identité culturelle issue d’un héritage et de traditions très anciennes, qu’ils se sont employés à préserver : art, artisanat, musique, danse, cuisine.
Personnalités célèbres : la chanteuse Noa, star internationale, le groupe folk A-WA (inspiré par l’exil de leur arrière-grand-mère en 1949)
Les origines des juifs d’Éthiopie restent obscures et suscitent de nombreux débats entre rabbins et historiens. Parmi les hypothèses les plus répandues, ils seraient soit les héritiers du roi Salomon d'Israël et de la reine éthiopienne de Saba, soit les descendants de la tribu biblique de Dan (une des 12 tribus d’Israël), La communauté éthiopienne a pratiqué une forme unique du judaïsme pendant environ deux millénaires.
Souvent surnommés « falashas « (signifiant « errant », « sans terre »), terme qu’ils jugent péjoratif, les juifs éthiopiens apprécient l’appellation de « Beta Israel » (« maison d’Israël »), nom qu’ils se donnaient lorsqu’ils vivaient en Éthiopie. Aujourd’hui, en Israël, on les appelle plus communément « Etiopim ».
Plus de 80 000 « Beta Israel » ont émigré en Israël à partir de la fin des années 70. Les derniers juifs d’Éthiopie ont été rapatriés en Israël, en raison de la crise humanitaire engendrée par la guerre civile et les conflits frontaliers avec la Somalie et l’Érythrée. Ils ont dû traverser des centaines de kilomètres à pied dans le désert, affronter tous les dangers (la faim, la soif, la chaleur, les pillards). Beaucoup sont morts en route et les survivants étaient entassés dans des camps de réfugiés au Soudan, dans des conditions catastrophiques.
Deux opérations de pont aérien de grande envergure furent orchestrées par le Mossad, l’armée israélienne et la diplomatie américaine :
Israël compte aujourd’hui environ 150 000 éthiopiens. La communauté éthiopienne a subi de grandes difficultés d’intégration à la société israélienne : transition compliquée d’un mode de vie archaïque et majoritairement analphabète à une culture ultra moderne et urbaine, discrimination raciale, préjugés religieux (la question de leur judéité ayant été souvent remise en cause).
Leur situation s’est relativement améliorée parmi les jeunes générations nées en Israël. Des juifs éthiopiens accèdent progressivement à des fonctions-clés : membres du Parlement israélien, officiers dans l’armée, artistes. Prina Tamano-Shata, nommée ministre de l’immigration et de l’intégration en 2020, Miss Israël 2013, première femme noire élue reine de beauté en Israël.
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